"Voyage sans espoir" de Christian-Jacque
Même s'il y a des emprunts esthétiques au réalisme noir, il en est assez éloigné par son point de vue, une enquête classique, son ton, ironique, ses personnages, issus de la bourgeoisie ou de la pègre, et son traitement du milieu maritime, superficiel.
Gohelle, un évadé, tente de fuir par un cargo. Le capitaine tente de le racketter pour ce service. Parallèlement, Alain, un jeune homme fortuné, arrive au Havre par le train où il rencontre Marie-Ange, qui s'avère être la maîtresse du premier. Le malfrat lui demande de séduire Alain pour lui soutirer sa fortune, tandis que l'inspecteur Sorbier est lancé à sa poursuite.
Un film d'une belle facture classique. Le rythme se tient, les acteurs ont un jeu classique, avec cette belle diction claire issue du théâtre. Paul Bernard est excellent, glaçant par moments, en méchant, ainsi que Louis Salou en policier ironique et magnanime. Jean Marais est plus falot, et prend un air carrément niais à la fin du film. Robert Lefebvre excelle à filmer les silhouettes et les visages dans un clair-obscur scintillant, de cette manière du réalisme poétique qui inspirera plus tard le film noir américain, même s'il est beaucoup moins doué pour cadrer les décors.
Un énorme bémol moral : le racisme patent du film, notamment avec les dialogues avec le personnage du matelot Li-Fang, et la scène de la danseuse noire du cabaret. D'ailleurs, Christian-Jaque semble persister et signer dans le racisme anti-asiatiques avec Les Pirates du rail...
Le film est disponible en DVD.